Une pochade de Clarence Gagnon récemment acquise a servi d’étude pour un tableau de la collection du Musée national des beaux-arts du Québec
Nous avons le plaisir de vous présenter une pochade de Clarence Gagnon acquise dernièrement. Il s’agit d’une étude ayant servi à l’exécution d’une plus grande toile qui fait partie de la collection du Musée national des beaux-arts du Québec, intitulée Scène d’automne, 1907 (huile sur toile, 46 x 65,4 cm [18 x 25 ¾ po], nº inv. 1949.85).
Clarence A. Gagnon, ARC 1881-1942, Esquisse de la « Scène d’automne », 1906, huile sur panneau, 11,4 x 17,8 cm (4 ½ x 7 po)
Clarence A. Gagnon, ARC 1881-1942, Scène d’automne, 1907, huile sur toile, 46 x 65,4 cm (18 x 25 ¾ po), Collection du Musée national des beaux-arts du Québec (nº inv. 1949.85).
L’extraordinaire occasion de pouvoir comparer cette esquisse avec la toile qui en résulte permet de découvrir plusieurs facettes de la démarche artistique de Clarence Gagnon. En matière de composition, les éléments principaux sont presque identiques : les grands arbres verdoyants que l’on retrouve dans la pochade comme dans le tableau sont miroités dans les eaux cristallines de leur ruisseau. Ces amas d’arborescences que l’on retrouve de part et d’autre du tableau sont divisés par une maisonnette située sur une pelouse verte sillonnée d’un sentier menant aux berges de la rivière. En fond, un ciel bleu ponctué de quelques rares haillons de nuages.
L’esquisse et la toile se distinguent par les différents éléments chromatiques. Dans la pochade, les toitures de l’édifice sont composées à partir de la même teinte de prune, rougeâtre et violacée, que l’on retrouve dans les eaux du ruisseau. De l’esquisse à la toile, Gagnon aura troqué le pourpre vibrant des volets contre un vert tout aussi lumineux.
La plupart des petites huiles de Clarence Gagnon ne sont pas signées, ne serait-ce que parce qu’il ne les offraient pas à la vente de son vivant. Cette pochade-ci est lisiblement signée et datée « Clarence A. Gagnon 06 » au coin gauche inférieur. Au dos, on retrouve le vestige d’une ancienne étiquette manuscrite indiquant l’adresse partielle suivante : « 591 S. Cather [déchirure] ». En janvier 1909, Gagnon et sa première épouse, Katherine, logeaient au sixième étage du King’s Hall au 591, rue Sainte-Catherine Ouest [1]. (Il s’agit aujourd’hui du 1231 Sainte-Catherine Ouest, situé entre les rues Drummond et de la Montagne). L’étiquette indique également le prix de 20 $, ce qui suggère que Gagnon aurait offert cette esquisse à la vente et explique par le fait même pourquoi elle fut signée.
La pochade porte également une dédicace datée « Feb. 21. 1913 » au coin droit inférieur du recto. Toutefois, nous n’avons pas réussi à déchiffrer à qui elle fut adressée. Selon la chronologie présentée dans le catalogue de l’exposition intitulée « Clarence Gagnon. Rêver le paysage » du Musée national des beaux-arts du Québec, Gagnon était toujours au pays à l’hiver 1913 lorsqu’il obtint le mandat de créer une petite huile sur panneau décorative de l’Arts Club, alors nouvellement fondé. Avec Katherine, ils quittèrent le Canada en février 1913 et à la suite d’une escale à Londres, regagnèrent son studio parisien le mois suivant [3].
L’esquisse de la « Scène d’automne », 1906, représente une occasion extraordinaire pour les collectionneurs de Clarence Gagnon d’acquérir l’œuvre ad hoc d’une toile qui figure dans une des plus importantes institutions muséales au Canada et à 12,000 $, représente une valeur sans pareil.
Esquisse de la « Scène d'automne », 1906, Galerie Alan Klinkhoff
Notes
1. Hélène Sicotte, « A Canadian in Paris », Clarence Gagnon : Dreaming the Landscape. Musée national des beaux-arts du Québec, 2006, p. 319, note de bas de page 25
2. Hélène Sicotte, Michèle Grandbois, et. al., « Chronology », Clarence Gagnon: Dreaming the Landscape. Musée national des beaux-arts du Québec, 2006 p. 336ff.
3. Ibid.