Bloguele Décembre 14, 2010

Le diable est dans le détail, 2e partie

Decembre 2010

A.Y. Jackson - St. Urbain, 1929

 

Ce fut une semaine fort bien remplie à regarder un grand nombre de belles, très belles œuvres d’art mises en vente aux enchères, ainsi qu’un nombre restreint d’excellentes œuvres populaires. Les communiqués de presse ont parlé de succès en annonçant des « agrégats » (la valeur totale de leurs ventes), y compris la prime de l’acheteur. Il était sous-entendu qu’un agrégat élevé était une très bonne nouvelle pour les consignateurs individuels. Ce n’est pas le cas.

 

C’est bon pour la « maison », qui fait 28 % et plus de profit sur ce montant. J’avoue en ressentir une certaine envie. Par coïncidence, 28 % représente aussi la somme des œuvres de deux artistes seulement qu’une seule salle de vente a offertes lors d’une vente en direct d’art canadien historique. Un coup d’œil sur le « net » chez les vendeurs de ces Harris et de ces Jackson m’oblige à suggérer qu’une vente par une galerie à « prix fixe », comme la Galerie Walter Klinkhoff, aurait été plus avantageuse. (On peut se demander si cette série d’enchères, à Toronto et ailleurs, dans un laps de temps d’à peine deux semaines, n’offre pas un trop grand nombre de tableaux par un nombre limité d’artistes de premier ordre dans ce qui est un petit marché.)

 

Les détails de chacune des enchères donnent des résultats au mieux mitigés, avec certains prix fabuleux, quoique limités en nombre, et plusieurs autres médiocres ou faibles. En haut de l’échelle, un important Alex Colville a brisé des records, ainsi qu’un grand et formidable nu de Randolph Hewton, probablement son nu le plus achevé. (J’ai rarement pensé qu’un grand Hewton pouvait être autre chose qu’une scène printanière dans Charlevoix, peinte en compagnie de son ami A.Y. Jackson dans les années 1920.) Néanmoins, un amateur des figures peintes par Hewton n’aurait pu trouver mieux que le nu offert par Joyner. (« Coup de chapeau! » au nouveau propriétaire enthousiaste qui a fait l’acquisition d’une toile remarquable.)

 

Un excellent Hewton, plus caractéristique de sa manière, s’est aussi vendu à bon prix. Je m’en veux encore de ne pas avoir prêté attention quand on a offert le merveilleux tableau de Hewton représentant A.Y. Jackson. C’était une aubaine incroyable! Quel tableau superbe! Un petit mais très important paysage d’hiver de Hewton s’est très bien vendu vers la fin de la vente chez Heffel et, à mon avis, valait chaque sou payé par l’acheteur. Les Jean McEwen, Lise Gervais et Gershon Iskowitz ont été forts.

 

J’ai trouvé le B.C. Binning un peu faible en regard des offres de la saison dernière. Une huile de Borduas a obtenu un bon prix, alors que mon tableau préféré, Où suis-je?, s’est vendu pour ce qui, à mon avis, était un très bas prix. Les œuvres de Jean-Paul Riopelle posent toujours un défi à ceux qui recherchent la clarté. Chez Heffel, un grand Riopelle des dernières années est resté invendu malgré ce qu’on aurait cru être une estimation raisonnablement basse à 250 000 $. Au cours de la même vente, deux enchérisseurs, je crois, se sont disputé une grande composition non titrée de 1955 qui a été mise à prix à 800 000 $ et adjugée à 950 000 $, ce qui n’est pas un montant particulièrement élevé pour une toile de cette taille et de cette qualité.

 

Et pourtant, deux jours auparavant, chez Sotheby, une charmante mais beaucoup plus petite toile, Composition, v. 1955, s’était vendue au prix raisonnable de 278 000 $. Les dames du Groupe du Beaver Hall ont connu des hauts et des bas. Une nature morte d’Emily Coonan a rapporté un montant impressionnant ainsi qu’une des premières œuvres de Mabel May. Un remarquable paysage d’hiver par May a obtenu un fort prix, mais pas aussi élevé que ce que j’attendais. Pour une raison inconnue, l’excellente toile de Kathleen Morris s’est vendue pour un très bas prix en regard de ce qu’on pouvait logiquement espérer. Nous l’avons donc achetée! Prudence Heward a connu une journée difficile chez Sotheby.

 

Sauf pour Arthur Lismer, le Groupe des Sept a été généralement faible sur le marché des enchères, la semaine dernière. Harris a particulièrement déçu. Une grande et belle toile représentant des maisons a été adjugée pour 600 000 $ seulement, et le tableau de couverture d’un des catalogues, un dessin de l’Arctique, est resté invendu. Je ne me rappelle pas avoir jamais vu, au cours d’une saison d’enchères, autant de dessins de Harris adjugés à moins de 200 000 $. Certains ont même été adjugés à moins de 100 000 $ ! Cependant, parmi les bonnes ventes, une excellente toile abstraite de Harris s’est vendue à 120 000 $.

 

Avec plus de trente Jackson dans divers catalogues d’enchères cette saison, et davantage dans les ventes en ligne à venir, cette offre excédentaire à court terme a eu pour résultat des prix plutôt bas ou médiocres. Mais, après avoir vu un excellent dessin de Jackson offert pour plus de 120 000 $ dans une galerie renommée de Toronto (à mon avis un prix juste et concurrentiel), je ne peux comprendre comment on a pu nous adjuger une œuvre tout aussi remarquable, St-Urbain, 1929, que nous avons achetée pour un bon client, pour seulement 60 000 $ !

 

Les huiles de Carmichael ont été étonnamment faibles. Les trois excellent panneaux par le maître étaient inscrits à la suite dans le catalogue et méritaient de bien meilleurs prix. Si l’achat aux enchères pour la revente n’avait été un tel handicap pour le marché de l’art, en ce moment, je suis convaincu que ces prix auraient au moins été contestés et haussés de beaucoup. Je ne peux que supposer qu’une douzaine de marchands d’art, nous compris, auraient sans hésiter payé 250 000 $ directement aux propriétaires pour un Carmichael de cette qualité et d’autres fraîchement arrivés sur le marché.

 

Borenstein est l’un des nombreux artistes dont nous avons toujours promu les œuvres, et sa superbe toile Ste-Agathe, que la Galerie Walter Klinkhoff avait vendue il y a une quarantaine d’années, probablement pour 1 000 $, a suscité énormément d’intérêt, et une important toile du maître, de 1942, The Old Stove , Clark Street, Montreal, n’a pratiquement pas fait l’objet de surenchère, et nous l’avons achetée au prix d’adjudication de 10 000 $ pour un bon ami et client qui a commencé à collectionner des peintures de grande qualité.

 

Molly Lamb Bobak est toujours une bonne amie de notre galerie depuis quelque 45 ans. Eric est allé lui rendre visite à Fredericton il y a environ un mois. C’est un honneur pour nous que d’avoir monté plusieurs expositions de ses œuvres et d’avoir placé ses toiles dans d’importantes collections d’art canadien de qualité d’un océan à l’autre. Trois compositions particulièrement remarquables ont été mises aux enchères avec des résultats comparables aux prix que nous obtenons en vendant ici, à la galerie.

 

Certaines toiles relativement mineures de Cornelius Krieghoff ont été reçues avec un enthousiasme considérable par les habitués des salles de vente. Nous croyons que d’excellentes toiles de lui, celles qui sont dans le même excellent état de conservation, sont parmi les meilleurs achats qu’on puisse faire sur le marché de l’art canadien. Le principal défi est de trouver des Krieghoff qui n’ont pas été gâtés par des générations de restaurateurs amateurs qui ont exercé leur métier ici, au Canada. Des toiles de Krieghoff en mauvais état sont régulièrement mises aux enchères et vendues à bas prix. Les analystes de marché, ignorant les notions de « qualité » et de condition, rapportent que le marché des Krieghoff est faible. Ce genre de nouvelle fait qu’on continue d’éviter ce marché.

 

Lorsqu’on vend des tableaux par , et Kurelek au même prix que les Krieghoff, je dis : « Oui, achetez Ferron et Kurelek, mais vous devez vous battre pour un Krieghoff si on vous offre le bon tableau. » Après avoir écrit ce qui précède, nous sommes persuadés que la galerie où l’on vend à prix fixe est le lieu ou le vendeur d’une œuvre d’art importante est généralement le mieux servi pour maximiser le gain en capital, et où il peut le faire efficacement, discrètement et souvent avec une garantie financière. Nous croyons qu’une œuvre d’art est vendue plus avantageusement et avec plus de sécurité dans un environnement à prix fixe, en dehors de la saison des enchères où on offre simplement trop d’œuvres qui se font concurrence pour l’attention et le portefeuille des collectionneurs.

 

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