Léon Bellefleur et l’éloge de L'Enfant
Léon Bellefleur, Sans titre - L'enfant, 1945, huile sur toile.
Sans titre - L’enfant est une toile exceptionnelle, rare et importante que Léon Bellefleur a réalisé tôt dans sa carrière, soit en 1945. Nous savons qu’à cette époque, Bellefleur se rendait régulièrement au studio d’Alfred Pellan qui venait tout juste de revenir de France et qu’il était particulièrement fasciné par la qualité inédite des œuvres de Pellan. Nous savons également que Bellefleur, à cette étape de sa carrière, était un grand admirateur de Kandinsky, de Paul Klee et de Miro; d’ailleurs, l’influence de ces deux derniers artistes se voit nettement dans cette magnifique composition. Les formes et couleurs propres à cette toile révèlent en outre les principales influences qui ont eu une incidence sur la vie de Bellefleur en tant que père, professeur et artiste.
Comme il était le plus âgé des quatre enfants d’une famille qui a vécu de difficiles épreuves (décès de sa mère alors qu’il était en bas âge de même que de l’un de ses frères et de l’une de ses sœurs dans leur jeunesse), Bellefleur était particulièrement vigilant à leur endroit. Selon Guy Robert dans Bellefleur ou la ferveur à l’œuvre (essai, édition Iconia, 1988), Bellefleur est devenu professeur par suite des pressions exercées par son père qui croyait que « tous les artistes mouraient sans le sou ». Robert mentionne que Bellefleur, qui a enseigné dans une école catholique, « aimait les enfants et s’attachait à les aider sincèrement... » (p.25). Au moment où il a réalisé Sans titre - L’enfant, il était déjà le père de quatre enfants; sa femme devait lui en donner un cinquième l’année suivante.
En examinant soigneusement notre toile, y compris la pureté des couleurs et ce qui semble être un fœtus d’enfant aux mains jointes, on est porté à croire qu’il s’agit d’une expression visuelle des idées qu’il a publiées quelques années plus tard, en 1947, dans Plaidoyer pour l'enfant « qui constituait sa profession de foi pédagogique et esthétique aussi bien que morale et spirituelle. » (Robert, p. 19)
À notre avis, cette toile de 1945 est un témoignage éloquent du cheminement de Bellefleur en tant que grand artiste contemporain. Comme source supplémentaire de référence, vous pouvez cliquer sur le lien qui suit œuvre similaire pour voir une autre peinture de Bellefleur qui fait aujourd’hui partie de la collection du Musée des beaux-arts du Canada.