« Entre le je et le nous. Entre le je et le jet, l'œuvre de Serge Lemoyne raconte une histoire. Celle de la peinture et d'une société. Le hockey pour Lemoyne c'est un peu la Sainte-Victoire de Cézanne, les Nymphéas de Monet. Un prétexte. Son bleu-blanc-rouge, c'est aussi le noir et blanc de Kline. » Saint-Pierre, 1998

Serge Lemoyne est né à Acton Vale, le 13 juin 1941. Il commence à étudier à l'École des beaux-arts de Montréal à l'âge de 17 ans (1958 à 1960). En tant qu'étudiant, il est fortement influencé par deux groupes d'artistes québécois. L'un d'eux, est le groupe des Automatistes, dont la méthode de production artistique consistait en la suppression du contrôle conscient de l'artiste sur le processus de création pour laisser libre court à l'inconscient et, le second groupe, est le groupe des Plasticiens, un mouvement regroupant des artistes canadiens peignant de façon non-figurative, apparu vers 1955 au Québec.

 

Lemoyne fut l'un des tout premiers artistes pop québécois. Grande figure de l'avant-garde et pionnier de l'art de la performance au Québec dans les années 1960, il est surtout connu pour ses improvisations, telle que la Semaine A (1964), ou pour ses soirées « happenings », par exemples, Le Bar des Arts ou L'Horloge du Nouvel-Age (1964) - cette dernière, avait été organisée en collaboration avec Claude Péloquin, Yves Hébert et Jean Gauguet-Larouche. Un an plus tard, il forma également groupe Le Zirmate. Les « happenings » étaient des événements multidisciplinaires, combinant musique, poésie, danse et l'art multimédia, exigeant un fort engagement entre la volonté de création artistique, le public et les artistes. Dans les années 1960-1970, Serge Lemoyne rejette les philosophies de l'art abstrait en place à l'époque et se fixe comme objectif peu commun de « déconstiper », ou plutôt, de démocratiser les arts visuels au Québec. Pour ces pratiques audacieuses et son tempérament vigoureux, on le surnomme « l'enfant terrible de l'art contemporain au Québec ».

 

Serge Lemoyne a toujours préféré s'inspirer de sujets dit « populaires » pour réaliser ses oeuvres, comme ce fut le cas dans sa célèbre période « bleue, blanc et rouge », dans laquelle l'artiste avait choisi d'emprunter les couleurs de l'uniforme portée par les joueurs de hockey des Canadiens de Montréal pour peindre. L'oeuvre Dryden (1978), appartenant à la collection du Musée des beaux-arts de Montréal, est un portrait au style abstrait du fameux gardien de but Ken Dryden. Il s'agit d'un bon exemple pour illustrer cette période.

 

Outres ces événements, l'artiste fut le sujet de bon nombre d'expositions. En 2008, une rétrospective posthume portant sur l'artiste fut organisée par le Musée des beaux-arts de Sherbrooke. Ses oeuvres ont été exposées aux côtés du travail d'autres grands artistes québécois avec lesquels il était associé, dont notamment Armand Vaillancourt, Pierre Gauvreau, Janine Carreau, Hélène Goulet, Reynald Connolly, Cozic, François Gauthier, Gilles Boisvert et Serge Tousignant. Plusieurs documentaires ont été fait à son sujet, dont Art contemporain en fin de siècle (1994), produit par Jacques Larré fait le portrait de Lemoyne, aidé de la photographe Geneviève Cadieux et de l'artiste Melvin Chaney. Lemoyne: documentaire sur la vie et l'oeuvre du peintre Serge Lemoyne (2005) examine l'approche artistique et le processus de création de l'artiste, à travers des vidéos personnelles, de documents d'archive et des entretiens avec ses pairs (dont: Claude Péloquin, Marcel Saint-Pierre et Claude Jasmin).


Source:

https://en.wikipedia.org/wiki/Serge_Lemoyne
http://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/serge-lemoyne/
http://www.artetpouvoir.ca/serge-lemoyne.html

Philippe Gingras, « Quelques notes historiques sur L'Horloge, troupe d'avant-garde, section arts intégrés», in Québec Underground, I962-1972, sous la direction d'Yves Robillard, Montréal, Éditions Médiart, 1973, p. 63.

Op. cit., Saint-Pierre, 1988, p. 52.

 

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