BlogMarch 13, 2015

Toile iconique de Borenstein: véritable symbole de réussite

Sam Borenstein, L’été à Sainte-Lucie, 1960 , Huile sur toile, 24 po x 40 po.

 

Dans la biographie Sam Borenstein, Rosshandler et Kuhns évoquent la vieille école sur le Lac Brûlé, à quelques kilomètres de Sainte-Lucie, que les Borenstein louaient pour en faire leur chalet dans les Laurentides pour finalement l’acheter. Ils continuent en déclarant que, pendant les années 1960, « Borenstein avait atteint une exubérance rafraîchissante – le tumulte et l’exaltation qu’il recherchait depuis des décennies se sont manifestés, ses peintures regorgeaient de rafales d’énergie qu’il semblait exploiter pour la première fois. La perspective, l’échelle, la ligne et la forme, les rudiments qu’il avait maîtrisés pendant plus de trente ans passés, à peindre, sont devenues des éléments rageurs, fugaces, d’une vision tumultueuse : une tempête de blancs et de bleus dans laquelle un paysage familier ondule, tremble et gronde de l’intérieur.

 

Ses paysages devinrent des portraits d’une force aussi élémentaire que son propre besoin de peindre : reliefs, arbres, bâtiments et rues étaient fouettés par un ouragan de couleur, appliquée tantôt dans la douleur, tantôt dans l’exubérance, sur la toile. Le travail de Borenstein atteignit le zénith de l’intuition et de la technique avec lesquels il luttait depuis trente ans, et à l’âge où la plupart des artistes commencent à se détendre et à relaxer, Borenstein travaillait avec encore plus d’ardeur, de stimulation que jamais. Sa confiance en lui-même, jamais remise en question, mais jamais aussi affirmée, devint un tonifiant encore plus puissant. » (p. 62)

 

À partir de la fin des années 1950, le village de Sainte-Lucie et ceux des alentours, Sainte-Agathe et Val-David, allaient lui fournir les compositions qui constituent aujourd’hui son patrimoine le plus acclamé. Kuhns et Rosshandler font remarquer que le petit village des Laurentides de Sainte-Lucie, avec « sa petite église catholique » constituant presque « son centre géographique », allait être représenté « plus d’une dizaine de fois sur une période de 15 ans, aucun autre sujet… n’avait été le point de mire d’autant de peintures différentes, son traitement du sujet dans les années 1960 reflétant ce nouveau style exubérant. » (p. 62) C’est précisément à cette époque que mon père exposa les oeuvres de Borenstein, en offrant ainsi à « Sam » sa première exposition solo en 1958, suivie d'une autre en 1961.

 

En 1967, il devait y avoir une troisième exposition prévue sur le travail de Borenstein. Cela dit, cette année là, l'artiste tenait également une exposition à Hamilton ainsi qu'une autre à Toronto. En choisissant d'organiser une exposition, mon père devait procéder à l'achat de cinq Borenstein afin d'agrandir la collection à présenter. Les maux de dos de l'artiste, ajoutés aux deux expositions et au déboursement obligatoire ont fait en sorte que cette troisième exposition à la Galerie Walter Klinkhoff n'aura jamais eu lieu en 1967. Tragiquement, ces maux de dos se sont avérer être les symptômes d’un cancer de la prostate, diagnostiqué au printemps 1967, lui laissant seulement 18 autres mois devant lui.

 

Durant ces dures moments, il réussit à peindre l’énergie de « L’été à Sainte-Lucie », typique de ce qu’il était au sommet de ses capacités de peintre. Dans son ouvrage intitulé Reminiscences of an Art Dealer, mon père a écrit : « Pendant ma carrière de marchand d’art, j’ai été un admirateur et un fervent partisan du travail de Sam Borenstein. C’était une lutte contre de nombreux obstacles. Mes efforts ont peut-être aidé, mais c’est son travail qu’on ne peut négliger. Je l’ai remarqué tôt et j’ai déjà demandé à M. Watson, comme je l’appelais à l’époque : « N’est-ce pas que Borenstein est un très bon artiste ? Non, répondait-il catégoriquement. C’est un grand artiste. » Il avait toujours quelques-unes de ses œuvres dans la galerie de mon père; il me mentionna que les deux qu’il avait à la maison faisaient partie de ses préférées.

 

À cette époque, au milieu des années 1950, la grande société Van Wisselingh, établie à Amsterdam, présentait des expositions annuelles chez Watson, notamment des Van Gogh, des Renoir, et en général de grandes œuvres. L’un des associés, M. de Jong, a un jour voulu tester mes connaissances : « Savez-vous quel est le meilleur artiste-peintre au Canada? ». Quand j’ai hésité, il a affirmé : « C’est sans aucun doute Sam Borenstein. »

 

Références bibliographiques:

1) William Kuhns & Léo Rosshandler, Sam Borenstein, textes de McClelland et Stewart, 1978;

2) Walter H. Klinkhoff, Reminiscences of an Art Dealer, Montréal, 1993.

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